Dans son cours aux agriculteurs donné en 1924, Steiner aborde plusieurs fois le thème du paysan méditant. Il explique que le paysan n’a guère de temps pour méditer dans sa chambre mais il précise que méditer est très important pour connaître ses terres, ses plantes, ses animaux et pour ce faire, il peut se promener dans ses champs et sentir l’air, regarder la nature dans un état plus contemplatif que lorsqu’il y va pour exécuter un travail. Il se laissera alors inspirer et sera à l’écoute intérieure et extérieure de ce qui se passe.

En croisant ses ressentis et ses observations avec les autres participants, on parvient à des connaissances rendues plus objectives et plus larges. Tout le monde peut prendre du temps pour effectuer un tel travail de recherche. Mon ressenti est subjectif au départ mais si j’exerce assez longtemps avec d’autres, sur un même produit, la convergence des vues dessine petit à petit une image nouvelle, plus profonde de la chose observée. Cette chose avec laquelle je n’avais pas vraiment de lien, devient plus vivante et un dialogue sensoriel s’engage. Le phénomène me « parle » parce j’ai pris le temps d’établir un lien.

Rien de magique à cela. La réalité essentielle devient palpable au-delà des apparences. Les apparences nous enseignent sur le geste de la plante, sur l’émotion de l’animal, sur la qualité du paysage.

Méditer ne signifie pas forcément s’isoler dans un chalet sur le Mont Blanc.
Au contraire, ce travail méditatif actif dans le contexte de la ferme est plus pertinent pour aboutir à des perceptions concrètes de la nature subtile de nos aliments ou de notre environnement.